Le refus du biberon

Soizic

Etude du cas clinique

Cette mère vient me voir avec sa fille de presque 3 mois, Soizic.
Elle doit reprendre le travail dans un mois et veut poursuivre l’allaitement. Soizic sera accueillie en crèche mais elle refuse catégoriquement les biberons.
La mère présente une lactation très abondante.

Mon intervention
Je regarde la bouche de Soizic et je remarque immédiatement un frein de langue de type 1 très court. Le palais est très creux.
Je regarde une tétée. Soizic lâche souvent le sein et avale beaucoup d’air en tétant.
Nous essayons ensemble de lui proposer un biberon. Soizic n’est pas contre le fait d’essayer mais est incapable de mobiliser sa langue pour boire au biberon.
J’explique la difficulté de Soizic à sa mère et lui propose de faire sectionner le frein de langue qui de toute façon risque de poser de nombreux problèmes à Soizic lorsqu’elle grandira.
La mère est d’accord.

Nous décidons d’attendre la section du frein pour reproposer le biberon mais je propose de faire jouer Soizic avec un biberon vide pour qu’elle apprivoise l’objet.
Le frein de Soizic est sectionné deux semaines plus tard.

La cicatrisation se passe bien et Soizic apprend rapidement à se servir de sa langue. La prise du sein s’améliore rapidement.

J’explique alors à la mère de Soizic qu’elle peut l’installer dans un transat et lui proposer le biberon face à elle, en commençant par placer la tétine sur le côté de la bouche, entre les gencives, la féliciter lorsqu’elle avale un peu de lait et petit à petit essayer d’amener la tétine vers le centre, sans jamais forcer et en s’arrêtant dès que Soizic exprime son mécontentement.
La mère met tout cela en place et fait un essai par jour.

Au bout d’une semaine, Soizic réussit à boire 30 ml par biberon.
J’explique alors à la mère que c’est gagné et que ce n’est pas utile de proposer plus en attendant le début de la crèche.

Lorsque Soizic commence la crèche, elle n’accepte que peu de lait au biberon puis augmente progressivement ses quantités.

Dans le cas de Soizic, le frein de langue était une grosse gêne et une fois qu’il a été sectionné, le bébé a pu apprendre progressivement à mieux téter au sein et à prendre le biberon.

Lukas

Etude du cas clinique

Ces parents viennent me voir avec leur fils de 8 mois, Lukas.
Il doit commencer la crèche 3 jours plus tard et refuse catégoriquement le biberon. Les parents sont inquiets car Lukas mange encore peu de solides. Par contre il tète bien régulièrement et sa prise de poids est parfaite. Il sait boire de l’eau au verre.
La mère doit partir en déplacement professionnel pendant 5 jours 10 jours plus tard. Or Lukas tète encore la nuit et son père s’inquiète pour la gestion des nuits.

Mon intervention
J’observe la bouche de Lukas et une tétée et tout se passe très bien. Il ne présente aucune difficulté anatomique, il refuse simplement de prendre un biberon en bouche.
J’explique alors aux parents que le comportement de Lukas est normal, qu’il ne comprend pas pourquoi il devrait boire dans un biberon alors que le sein est disponible.
Par ailleurs, lorsqu’il sera à la crèche et qu’il comprendra que maman n’est vraiment pas là, il trouvera une façon de se nourrir pour attendre le retour de sa mère.
Il est capable de boire au verre, de manger à la cuillère. Il est donc possible de lui proposer du lait au verre, ou bien de faire des flans de lait maternel pour lui proposer à la cuillère. Par ailleurs, il peut manger des solides en journée et compenser quand il est avec sa mère pour obtenir sa ration de lait.
Lors des 5 jours d’absence de la mère, il pourra éventuellement manger également des yaourts à la cuillère si besoin. Pour les nuits, l’essentiel est que son père le rassure et lui rappelle que maman n’est pas là mais qu’il pourra téter dès son retour.
Les parents repartent rassurés.

Les débuts de la crèche se passent bien. Lukas refuse toujours le lait mais il mange un peu à la cuillère.
Au bout de quelques jours, il accepte de boire un peu de lait maternel au verre et prend des flans de lait maternel à la cuillère.
La mère part en déplacement professionnel un peu moins inquiète. Le père lui est rassuré sur le côté alimentaire mais se demande encore comment vont se passer les nuits.

La première nuit est un peu difficile car Lukas réclame sa mère. Le père dort avec lui pour le rassurer. La deuxième nuit se passe mieux : Lukas ne pleure pas à condition de rester contre son père qui décide alors de faire les nuits suivantes ainsi pour rassurer son fils.

Au retour de sa mère Lukas commence par refuser de téter et lui fait clairement sentir qu’il n’est pas content.
Au bout de 12h, il reprend le sein et l’allaitement se poursuit sans problème.

Dans le cas de Lukas, le biberon n’est absolument pas nécessaire car il est capable de se nourrir à la cuillère et de boire au verre.

Dernière mise à jour : 25 octobre 2019