Relactation

Cas clinique n°1

Cette mère accouche quatre semaines avant terme d’un petit garçon de 3,660 kg.
Elle avait d’abord eu deux jumeaux nés prématurés qu’elle n’avait pas allaités. Elle souhaitait allaiter son prochain enfant mais le contexte de la naissance a été difficile et elle n’a pas commencé l’allaitement en pensant que ce serait plus simple de donner le biberon.
Malgré la prise de Cabergoline, la montée de lait a tout de même démarré et a été très douloureuse en l’absence de drainage.

Durant les trois mois suivant, la mère a regretté sa décision de ne pas allaiter et en a pleuré tous les jours. Quand les deux ainés sont entrés en crèche, la mère a souhaité tenter de lancer une lactation. Elle m’a contactée pour l’aider à remettre son bébé au sein. Mais le plus important pour elle était de nourrir son bébé au lait maternel, même s’il refusait de prendre le sein.

À l’observation, le bébé n’avait aucun problème de succion mais il refusait de prendre le sein. Nous lui avons alors proposé un bout de sein en silicone qu’il a accepté de tétouiller. J’ai alors suggéré à la mère de ne surtout pas forcer son bébé vers le sein, de faire du peau à peau avec lui et de lui proposer lors de moments d’éveil calme.
Il accepterait peut-être plus de téter lorsqu’il y aurait plus de lait.

Pour relancer la lactation, j’ai proposé à la mère de louer un bon tire-lait électrique en double pompage et de l’utiliser pendant dix minutes, au moins huit fois par 24 heures. Je lui ai également parlé de l’utilisation du fénugrec et du motilium en lui fournissant de la documentation pour son médecin.

La mère me recontacte un mois et demi plus tard. Elle a mis en place ce que je lui avais proposé. Elle a réussi à lancer une partie de sa lactation et fournit à son bébé 200 ml de lait maternel par jour.
Son bébé accepte de téter après avoir pris un biberon et cela lui permet de s’endormir plus facilement.

La pédiatre du bébé a dit à la mère que ce qu’elle fait ne sert à rien et qu’elle se fatigue pour rien. La mère de son côté est très heureuse de pouvoir donner du lait maternel à son bébé et qu’il accepte de prendre le sein pour s’endormir. J’explique à la mère que les 200 ml de lait maternel qu’elle donne à son bébé représentent un quart de sa ration quotidienne et que ce n’est pas rien, que ce lait est bénéfique pour son bébé. Son opinion est alors renforcée et elle décide de continuer.

Pour cette mère qui n’a jamais allaité, et qui a décidé de lancer une lactation aux trois mois de son enfant, l’expérience est concluante même si la lactation n’est pas complète : elle a retrouvé confiance dans ses capacités à nourrir son enfant et ne pleure plus sur son allaitement perdu.

Cas clinique n°2

Cette mère accouche deux semaines avant terme, par césarienne d’une petite fille de 3,850 kg. Elle n’avait pas allaité son ainée et souhaitait vraiment allaiter ce bébé là.

L’allaitement ne démarre pas bien. On propose le sein au bébé à la sortie du bloc opératoire mais elle n’arrive pas à le prendre. Elle le prend plus tard mais le lâche souvent. Comme elle perd beaucoup de poids (elle pèse 3,500 kg à J2), des compléments sont donnés au biberon, qu’elle n’arrive pas à bien prendre.

La mère fait appel à moi à J10. Le bébé prend des compléments de 50 ml après chaque tétée, refuse le sein droit et la mère a l’impression de ne pas avoir de lait car elle n’a senti aucune montée de lait. La prise de poids n’est pas bonne, le bébé pèse 3,585 kg.

J’observe le bébé, elle n’a aucun problème : la succion est parfaite, l’ouverture de bouche également. Par contre la mise au sein ne se passe pas bien et le bébé ne prend que le mamelon en bouche. Nous revoyons avec la mère la prise du sein et je lui explique comment proposer le sein de manière asymétrique. Le résultat est excellent, la mère est à l’aise, le bébé déglutit très bien…mais pendant peu de temps et s’endort.
Après la tétée, la mère réussit à exprimer 20 ml en tout au tire-lait. Cela confirme une lactation nettement insuffisante.

J’explique à la mère ce qu’elle peut faire pour augmenter sa lactation. Je commence par lui proposer l’usage du DAL pour donner les compléments, ce qui permettrait de stimuler plus les seins. Mais la mère trouve cela trop compliqué et préfère continuer avec le biberon. Je lui explique alors comment donner le biberon pour que le bébé place bien sa langue et ne boive pas trop vite.
Je lui suggère également de louer un bon tire-lait électrique en double pompage pour stimuler la lactation après chaque tétée. Je lui parlé de l’utilisation du fénugrec et du Motilium en lui fournissant de la documentation pour son médecin.

La mère me recontacte dix jours plus tard. Le médecin a refusé de prescrire le Motilium, la mère a donc uniquement pris le fénugrec. Elle a loué un tire-lait Symphony et l’utilise après chaque tétée mais ne tire que 10 ml. Le bébé continue à prendre des compléments et prend bien du poids.

La mère est découragée et déçue car sa lactation ne redémarre pas malgré les gros progrès de prise du sein de sa fille. Une semaine plus tard, elle rend le tire-lait et ne garde plus que les tétées avant les biberons pour que son bébé puisse profiter du peu de lait qu’elle a.

Cette mère fait certainement partie des femmes dont la lactation se calibre très vite et malgré ses efforts, la glande mammaire avait certainement déjà involué du fait du mauvais démarrage de l’allaitement.

Bibliographie

  • Traité de l’allaitement maternel, LLLI, 1999, pages 367 à 382.
  • L’allaitement, comprendre et réussir, Jack Newman et Teresa Pitman, Jack Newman Communications, 2006.
  • Breastfeeding management for the clinician, Using the evidence, Marsha Walker, Jones and Bartlett Publishers, 2006.
  • Relactation à un mois post-partum, les dossiers de l’allaitement n°55, 2003, page 9.

Dernière mise à jour : 18 avril 2017 par