Tire-allaitement contraint

Théa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leon Augustin Lhermitte – Maternité ou l’heureuse famille

Etude du cas clinique

Cette mère accouche deux semaines avant terme et par césarienne d’une petite fille de 3000 g, Théa.
Le bébé est mis en peau à peau sur sa mère et mis au sein en salle de réveil.
Quand la mère essaie de remettre Théa au sein dans sa chambre, elle n’y arrive pas. Comme les mamelons sont ombiliqués (mais ressortent à la pression), elle essaie avec des bouts de sein en silicone, sans succès.
Théa perd plus de 10 % de son poids de naissance en deux jours.

La mère commence à utiliser un tire-lait mais n’obtient que quelques gouttes. Des compléments de préparation pour nourrissons sont alors donnés à Théa qui reprend du poids et sort de la maternité.

A la maison, la mère donne toujours en priorité le lait tiré au biberon, puis propose les seins mais Théa s’y énerve, et termine avec un biberon de préparation pour nourrisson.
La lactation ne démarre pas bien vite.
La mère est très déçue car elle souhaitait vraiment allaiter. Elle me contacte donc quand son bébé a une semaine.

Mon intervention

Lorsque je viens la voir à domicile, la mère m’explique que Théa ne veut désormais plus du sein, pleure au sein et prend des biberons de 120 ml, 6 fois par 24h.
La mère tire entre 30 et 60 ml, 6 fois par 24h, avec un bon tire-lait électrique en double pompage.

J’observe la bouche de Théa et je m’aperçois qu’elle ouvre très peu la bouche. La mâchoire du bas est décalée sur la gauche par rapport à la mâchoire du haut (ce qui explique qu’elle ne puisse pas ouvrir grand la bouche). Lorsque je lui propose mon doigt à téter, elle crispe très fort la mâchoire sur mon doigt et n’arrive pas à le maintenir en bouche correctement.

Nous essayons une mise au sein : Théa est très difficile à mettre au sein car elle n’ouvre que très peu la bouche. Une fois le sein en bouche, elle le lâche en pleurant au bout de deux secondes.
Lorsque sa mère lui propose le biberon, elle boit d’une traite et très rapidement.

J’explique à la mère que Théa ne peut pas téter correctement en raison d’une faible ouverture de bouche, d’une mâchoire qui n’est pas en place et de très fortes tensions. De ce fait, elle n’a pas stimulé la lactation correctement.

D’autre part, elle boit le biberon beaucoup trop vite, ce qui fait qu’elle prend trop de lait car elle n’a pas le temps de ressentir la sensation de satiété.
Je propose à la mère de donner le biberon en changeant de tétine : prendre une tétine à base étroite pour que Théa place mieux sa langue. Je lui propose de lui faire faire beaucoup de pauses pour que le biberon dure 15 à 20 minutes et de ne lui donner le biberon que lorsque Théa ouvre la bouche quand on place la tétine sur le filtrum, de manière à lui permettre de gérer elle-même les quantités dont elle a besoin.

Je propose également de montrer Théa à un ostéopathe pour remettre la mâchoire en place, l’aider à ouvrir grand la bouche et faire diminuer les tensions.

Enfin j’explique à la mère la technique du tirage combiné, au moins toutes les trois heures pour relancer la lactation. Je lui propose de compléter en prenant du fenugrec et du moringa pour aider.
Enfin, je lui propose de faire beaucoup de peau à peau avec Théa. Cela va aider Théa à se détendre, lui permettre de retourner au sein quand elle y sera prête et aider à relancer la lactation.

Théa voit l’ostéopathe du Centre allaitement trois jours plus tard qui confirme les blocages.
A cette occasion, la mère m’informe que la nouvelle manière de donner les biberons a complètement changé les repas de Théa qui est beaucoup plus apaisée.

Aujourd’hui Théa a 2 semaines, sa mère tire 500 ml de lait par 24h et la lactation continue à augmenter.
Pour le moment, Théa n’a pas repris le sein mais apprécie le peau à peau.
Sa mère continue donc le tire-allaitement.

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Blanche

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Jeune Mère allaitant son enfant, Courrières, 1873, Jules Breton

Etude du cas clinique

Cette mère accouche à terme d’une petite fille de 3 kg, Blanche.
A la maternité, Blanche dort en permanence et ne tète que très peu.
Au retour à la maison, les mises au sein sont difficiles. La mère a des crevasses aux mamelons et Blanche perd du poids.

Une association de soutien à l’allaitement contactée par téléphone, conseille à la mère de donner le sein à la demande…mais Blanche ne demande pas.

A J9, Blanche a perdu plus de 10 % de son poids de naissance et les parents l’emmènent aux urgences. On leur dit alors de donner des biberons de préparation pour nourrissons.
Blanche prend les biberons mais se met à refuser le sein.

A J15, la mère déclare une mastite et est mise sous antibiotiques. Elle décide d’arrêter l’allaitement.

Une semaine plus tard, la mastite guérie, la mère regrette cet allaitement avorté. Elle décide de relancer sa lactation au tire-lait. Elle loue un bon tire-lait électrique et tire son lait toutes les trois heures.
6 semaines plus tard, elle obtient entre 600 et 700 ml par 24h. Mais Blanche refuse toujours le sein.
La mère me contacte alors pour remettre Blanche au sein.

Mon intervention

Je la rencontre lorsque Blanche a 9 semaines.
Je regarde Blanche et je m’aperçois de plusieurs choses :
– Blanche présente un frein de langue trop court et peu élastique qui l’empêche d’utiliser sa langue correctement.
– Elle crispe la mâchoire.
– De manière générale, tout son côté gauche est serré : l’œil gauche est plus fermé que le droit, la mâchoire est plus serrée à gauche et lorsqu’on la pose sur le dos, son corps se place en forme de virgule ou de banane en rapprochant les pieds de la tête du côté gauche.
La mère m’explique que Blanche a déjà vu un ostéopathe qui a décrété à deux semaines que Blanche ne pourrait jamais téter correctement…

Nous essayons de mettre Blanche au sein. Du côté droit, elle ne prend pas du tout le sein mais réussit à prendre le sein gauche et à téter un petit peu avant de s’endormir.

Je commence par féliciter la mère pour tout ce qu’elle a fait : elle a une lactation presque complète alors qu’elle avait tout arrêté. Et elle persiste à chercher des solutions.
Je lui explique que le frein de langue gêne beaucoup Blanche pour une succion efficace mais que ce n’est pas le seul problème car Blanche est extrêmement tendue et gênée.
Je propose à la mère de rencontrer un ostéopathe que je connais et qui a d’excellents résultats avec les “causes perdues”.
Par ailleurs, je lui suggère de voir un ORL pour envisager de faire sectionner le frein de langue.

Blanche rencontre l’ORL du Centre allaitement le lendemain et le frein de langue est sectionné.
L’après-midi même, elle voit l’ostéopathe. Celui-ci me contacte pour m’expliquer que Blanche a toute la sphère occipitale et le bassin coincé. La langue n’a pas d’espace pour fonctionner correctement.

Une semaine plus tard, Blanche a fait des progrès au sein et réussit désormais à téter sur le sein gauche pour la moitié de sa ration à la tétée du matin, quand les seins sont tendus. Les autres tétées sont toujours très peu efficaces. Je propose donc à la mère d’essayer le DAL, pour obtenir un débit de lait plus important et motiver Blanche.
C’est un échec car Blanche ne supporte pas le tuyau du DAL en bouche et le recrache.

Aujourd’hui, la mère continue à tirer son lait et à le donner au biberon et nous espérons des progrès.

 

Bibliographie

  • L’allaitement, comprendre et réussir, Jack Newman et Teresa Pitman, Jack Newman Communications, 2006, pages 262 et 263.
  • Cette bibliographie est malheureusement beaucoup trop réduite, n’hésitez pas à me communiquer toute référence se rapportant au sujet du tire-allaitement.

 

Dernière mise à jour : 13 décembre 2017 par Véronique Darmangeat