Anatomie de la bouche du bébé

Malia

Maternité de Levy, sculpture en bronze, Sarrebourg, France

Etude du cas clinique

Cette mère accouche 2 semaines avant terme d’une petite fille de 3200 g, Malia.
C’est son deuxième enfant, et l’allaitement démarre sans problème. Quelques crevasses apparaissent mais sont vite réglées. Elle a allaité son aîné deux ans et se sent à l’aise avec l’allaitement.
Au cours du premier mois, Malia prend un peu plus d’un kilo.
A 3 semaines, un matin, Malia n’arrive plus à prendre le sein. Sa mère lui repropose régulièrement et Malia reprend le sein au cours de la journée.
5 semaines après la semaine, après une nuit au cours de laquelle Malia a beaucoup dormi, elle n’arrive plus du tout à prendre le sein et à téter. Au cours de la journée, la situation ne s’améliore pas et sa mère m’appelle en panique car son bébé ne mange plus du tout depuis le matin.

Mon intervention

Je reçois la famille en consultation le soir même. La mère m’explique que Malia se contente de léchouiller le lait qu’elle fait couler du sein, mais pas plus et qu’elle n’arrive pas non plus à prendre le biberon de lait qu’elle a tiré. Cependant Malia reste calme et souriante. Elle n’a pas du tout l’air de souffrir de la situation.
Je regarde sa bouche qui ne présente pas de particularité mais lorsque je lui propose mon doigt à téter, je m’aperçois que sa succion est complètement incohérente. Elle n’arrive pas du tout à placer sa langue pour téter.
Au sein, Malia tente de prendre le sein mais n’y arrive pas et se contente de prendre le lait qui coule tout seul. Et même ce lait là, elle n’arrive pas complètement à l’avaler. Elle finit par s’agacer au sein.

La seule hypothèse qui me vient à l’esprit, c’est que le nerf moteur de la langue, le grand hypoglosse s’est coincé et ne peut plus faire son office.
Je propose aux parents un rendez-vous avec l’ostéopathe du Centre allaitement le lendemain matin à la première heure.
En attendant, je leur suggère de donner un tout petit peu de lait à la seringue au doigt pour éviter que Malia ne fasse une fausse route, ne pouvant pas se servir correctement de sa langue pour déglutir.
L’ostéopathe consultée le lendemain confirme mon idée de départ, le grand hypoglosse est coincé. Elle travaille pour le libérer. Dans la journée, Malia recommence à téter. Ce n’est pas parfait mais beaucoup mieux.
Le jour suivant, les tétées sont redevenues normales.

Dans ma pratique, le cas de Malia est unique. C’est la première fois que je vois un bébé dont le nerf grand hypoglosse se coince pendant son sommeil…

Carolin

Etude du cas clinique

Cette mère accouche à terme, en 40 heures, d’un petit garçon de 3400 g, Carolin.
Dès la première mise au sein, les tétées sont douloureuses et la douleur se poursuit tout au long de la tétée. Le mamelon de la mère est rosé, ce qui fait dire à la puéricultrice de la PMI que la mère a peut-être une candidose. Mais le traitement donné ne change strictement rien à la situation.
La mère me contacte à 6 semaines parce qu’elle n’en peut plus de souffrir à chaque mise au sein.

Mon intervention

J’observe Carolin, un bébé très tranquille et coopératif. Je m’aperçois que son palais est très haut avec une arête sur tout le pourtour interne de la gencive. Il est très rétrognate.
Si je le laisse gazouiller dans mes bras, j’observe qu’il sait tirer la langue mais si je lui propose mon doigt à téter, il laisse sa langue en arrière et serre les gencives pour maintenir mon doigt en bouche. La pression exercée alors est douloureuse pour mon doigt, je comprends donc très bien que la mère ait mal pendant toute la tétée.

Je suis clairement devant un problème anatomique, de conformation de la bouche. Je ne peux que suggérer aux parents de voir si un très bon ostéopathe peut petit à petit aider à faire avancer le menton et descendre le palais.
Je propose également à la mère d’utiliser un tire-lait et de donner son lait à la seringue au doigt quand la douleur devient intolérable.

L’ostéopathe consulté améliore un peu la situation lors du premier rendez-vous, ce qui permet à la mère de garder espoir et de poursuivre cet allaitement si difficile.
Pour le moment nous attendons le rendez-vous suivant pour voir si l’amélioration se poursuit.

Bibliographie
  • Mannel, Martens, Walker, Core curriculum for Lactation Consultant Practice, Jones and Bartlett Learning, 2013, page 275-287.
  • Marsha Walker, Breastfeeding management for the clinician, Using the evidence, Jones and Bartlett Publishers, 2014, page 131-178.
  • Watson Genna, Supporting sucking skills, Jones and Bartlett, 2008.

Dernière mise à jour : 9 février 2017 par Véronique Darmangeat