Impossibilité de déglutirEtude du cas cliniqueCette mère accouche à terme et par voie basse d’une petite fille, Lou de 3,180 kg. Lou est mise au sein après les premiers soins. La tétée est douloureuse pour la mère et très rapidement des crevasses se forment au sein droit. La deuxième semaine est difficile. La mère décrit de nombreux pleurs, un bébé qui tète beaucoup, dort peu et des douleurs aux mamelons qui s’intensifient. La mère décide alors d’utiliser des bouts de sein en silicone dans l’espoir de faire diminuer les douleurs. Les parents proposent une tétine à leur bébé pour l’aider à dormir. Mon intervention Les parents font appel à moi à J28 car ils voudraient revenir à un allaitement exclusif et sans douleur. J’observe la bouche du bébé : le palais, le menton et la langue du bébé ne présentent pas de particularité mais Lou ouvre très peu la bouche. Je lui propose mon petit doigt à téter et je m’aperçois que son mouvement de succion est complètement désordonné, elle ne sait pas téter correctement. A ce stade, n’ayant pas vu le bébé avant que les biberons soient introduits, j’ignore si le biberon a accentué un souci de succion, si le problème était présent dès le début. Ceci posé, je leur propose plusieurs solutions pour remettre en place l’allaitement. Au vu du gros problème de succion, je leur propose de donner les compléments au doigt, soit avec un DAL, soit à la seringue pour que Lou soit amenée à faire toujours le même mouvement de langue. Mais les parents souhaitent garder le biberon qui les rassure. Je n’ai plus de nouvelles. Lou est vue par l’ostéopathe quelques jours plus tard et la mère trouve que Lou tète mieux. Elle continue les compléments et le tire-lait. Inquiète, la mère l’emmène chez la pédiatre. Lou pèse 3,980 kg à 2 mois. La pédiatre diagnostique un reflux gastro-œsophagien et prescrit de l’Inexium. Elle demande aux parents de recommencer les biberons. La mère me recontacte en pleurs le lendemain parce que Lou ne prend pas le biberon. Elle est inquiète. Je vais la voir le jour même. J’observe la succion de Lou qui est encore pire que lorsque je l’ai vue la première fois. Je l’installe au sein de sa mère et je m’aperçois qu’elle ne déglutit rien du tout. Je demande à la mère combien il y a eu de couches souillées depuis 24h et sa réponse m’inquiète au plus haut point : une urine en 24h. Je propose à la mère que l’on essaie de lui donner des compléments au doigt puisqu’elle refuse le biberon. J’essaie la seringue au doigt, puis le DAL au doigt : Lou semble ne pas réussir à avaler. Dès que du lait arrive dans sa bouche, elle a un spasme et recrache. A l’hôpital, le même constat est fait, Lou n’arrive plus à déglutir. Elle est mise sous perfusion et sous sonde gastrique et nourrie ainsi pendant 24 heures. Ensuite un biberon lui est proposé, qu’elle arrive à prendre avec du temps. La sonde gastrique est retirée et Lou nourrie au biberon. Les parents décident d’arrêter l’allaitement, ils ont eu vraiment beaucoup trop peur. Mais aucune investigation n’est menée sur les raisons de la difficulté de succion et de déglutition de Lou. Lou m’a renforcée dans ma conviction qu’il faut toujours bien vérifier qu’un bébé est capable de se nourrir avant de supprimer des compléments. Mais je reste frustrée de ne pas comprendre quel est le souci chez cette petite fille et l’origine de ses difficultés. |
Bibliographie
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Dernière mise à jour : 30 janvier 2017 par Véronique Darmangeat