Allaiter après une chirurgie mammaire

Réduction mammaire

Etude du cas clinique

Cette femme est enceinte de son premier enfant. Elle me contacte au cours de son cinquième mois de grossesse pour se préparer à l’allaitement. Elle a subit une chirurgie de réduction mammaire cinq ans plus tôt et souhaite savoir si l’allaitement sera possible.
Pendant la grossesse, ses seins ont doublé de volume, elle a récupéré la sensibilité des mamelons.

Mon intervention

Nous voyons ensemble quelle technique opératoire a été utilisée : le complexe aréolo-mamelonnaire a été détaché et déplacé au cours de l’opération.

Je prends donc le temps d’expliquer à cette future mère la physiologie de la lactation et quelles sont les possibilités pour son allaitement : il est impossible de prévoir comment se passera l’allaitement mais il est possible de mettre toutes les chances de son côté en optimisant la mise en place des premières tétées. Je lui explique donc comment placer son bébé pour une prise du sein optimale, les comportements habituels d’un nouveau-né et quels signes surveiller pour vérifier que son bébé mange suffisamment.
Nous prévoyons ensemble l’éventualité de la mise en place de compléments et les moyens de les donner. J’explique le fonctionnement du DAL qui est particulièrement adapté en cas de chirurgie mammaire.
En fin de consultation, la mère est contente d’avoir des informations précises et de savoir que l’allaitement n’est pas impossible même s’il ne sera pas forcément exclusif.

Le bébé, un petit garçon, nait cinq jours après terme. Il tète bien mais n’émet ni selles ni urines les deux premiers jours. Des compléments sont donc mis en place à la maternité. La mère parle alors du DAL mais se heurte à une fin de non recevoir de la part du personnel hospitalier. Des biberons sont donc utilisés.

Je reviens en consultation lorsque le bébé a 6 jours. Le bébé prend des biberons de 60 ml en cinq minutes après chaque tétée.
J’observe une tétée : la prise du sein est parfaite, le bébé déglutit quelques fois puis plus du tout. Le sein droit est rouge en dessous et la mère décrit « une brique à l’intérieur du sein ». Le sein gauche est également rouge en dessous. Du lait est donc présent mais ne peut pas s’écouler en raison des canaux lactifères sectionnés.
Je suggère donc à la mère de prendre les antidouleurs prescrits par la maternité et de mettre du froid sur les seins entre les tétées.
Les parents souhaitent continuer à utiliser le biberon. Je leur explique donc comment donner le biberon de manière physiologique pour le bébé.
La mère continue à mettre son bébé au sein à chaque fois qu’il a faim. Cet allaitement se poursuit trois mois. La mère est satisfaite.

Elle me recontacte lorsqu’elle est enceinte de son deuxième enfant. Elle veut allaiter à nouveau. Cette fois-ci, elle est motivée pour utiliser le DAL. Elle l’emporte à la maternité et impose son usage lorsque son bébé a besoin de compléments.
Je vois ce bébé lorsqu’il a 5 jours : la prise du sein est bonne et le bébé déglutit plus longtemps au sein que son ainé. Par contre des engorgements sont présents, qui ne peuvent être drainés. Les antidouleurs sont à nouveau nécessaires.
Le Dal fonctionne très bien et le bébé boit entièrement au sein : soit le lait de sa mère en début de tétée, soit une préparation pour nourrisson par le DAL ensuite.
Cet allaitement se poursuit 6 mois et la mère est très satisfaite.

Pour elle, il a été très important d’obtenir des informations fiables pour pouvoir mettre en place un allaitement qui dure. Il lui a fallu du temps pour accepter le DAL qu’elle n’a utilisé que pour le deuxième enfant. Mais elle n’a rien regretté et a été satisfaite de ses deux allaitements.

Ptôse mammaire

Etude du cas clinique

Cette mère accouche une semaine avant terme et par voie basse avec forceps d’un petit garçon de 3,990 kg.
Les tétées sont immédiatement douloureuses et des bouts de sein en silicone sont proposés à la mère en maternité.
Le bébé n’a pas l’air satisfait après les tétées.

La mère fait appel à moi J6 car elle a peur de manquer de lait et parce que les douleurs ne passent pas.

Mon intervention

Lorsque je demande à la mère si elle a déjà subit une chirurgie mammaire, elle m’explique qu’on lui a enlevé un adéno-fibrome il y a quelques années (l’incision a été pratiqué sous le sein, le long de l’aréole) et qu’elle a choisi de subir une chirurgie correctrice de la ptôse mammaire il y a deux ans. L’incision a été pratiquée tout autour de l’aréole et perpendiculairement sous le sein.
J’observe les seins de la mère et les deux seins présentent une zone engorgée.
J’observe la bouche du bébé qui ne présente pas de particularité en dehors d’un léger décalage de la mâchoire qui peut être du à l’usage des forceps.

Lors de la prise du sein, le bébé referme la bouche et ne prend que la partie saillante du bout de sein en silicone, il pince le mamelon et crée de fortes douleurs.
Je propose à la mère d’essayer sans les bouts de sein en silicone et je lui explique comment faire une prise du sein asymétrique : la prise du sein est parfaite en position madone inversée sur le sein droit et en position de ballon de rugby sur le sein gauche.
Par contre les zones engorgées ne sont pas drainées par la tétée, même si l’on masse le sein pendant la tétée.

J’explique à la mère que des canaux lactifères ont du être sectionnés pendant l’intervention et que le lait ne peut plus s’écouler de ces zones, il faut attendre qu’il se tarisse.
Je propose à la mère de donner le sein sans le bout de sein en silicone et de faire des pansements au lait maternel pour aider à la cicatrisation des mamelons.
Je lui demande de surveiller le poids pour que l’on puisse agir rapidement en cas de souci.

A J15, la prise de poids est bonne, les mamelons ont cicatrisé et les seins commencent à être plus souples.
A un mois, la prise de poids est toujours parfaite et la mère ne ressent plus de douleurs.

Pour cette mère, la chirurgie mammaire a conduit à des engorgement impossibles à drainer mais comme la glande mammaire est restée entière, la lactation a été suffisante pour le bébé.

Bibliographie
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Dernière mise à jour : 30 janvier 2017 par Véronique Darmangeat