Quand le reflux fait croire à un problème d’allaitement.

Un bébé qui souffre à chaque tétée

Etude du cas clinique

Cette mère a accouché deux semaines avant terme d’un petit garçon de 3,680 kg.
L’allaitement a bien démarré et le bébé pèse 4,400 kg à trois semaines.
La mère fait appel à moi lorsque son bébé a trois semaines car elle trouve l’allaitement très difficile. Son bébé demande à téter toutes les heures mais pleure au bout de quelques minutes de tétées. Sa mère ne peut pas le poser car il pleure beaucoup et la mère est très fatiguée.
Elle se demande si son bébé mange suffisamment car il pleure beaucoup.

Mon intervention

J’observe le bébé : il ouvre très bien la bouche et prend très bien le sein. Il déglutit très régulièrement au sein.

Mais au bout de quelques minutes, alors même qu’il déglutit toujours, il commence à se tordre au sein puis à lâcher le sein en hurlant. Il est alors très difficile de l’apaiser.

Dans les bras de sa mère, je le vois plusieurs fois avoir une remontée de lait et ravaler en grimaçant ou en pleurant.
Sa mère essaie alors de le remettre au sein mais le scénario se répète.

J’explique alors à la mère que visiblement son bébé souffre et que je soupçonne un reflux gastro-œsophagien qui peut faire souffrir un bébé au cours de la tétée. Son bébé mange suffisamment car la prise de poids est parfaite.
Je lui propose alors de prendre rendez-vous avec le pédiatre de son enfant pour lui en parler.

Le pédiatre consulté prescrit de l’Inexium. Le bébé va rapidement mieux mais continue à pleurer. Le pédiatre remplace alors l’Inexium par du Mopral. En quelques jours le bébé ne souffre plus.
Les tétées se passent alors beaucoup mieux.

Dans ce cas, la mère a cru en voyant son bébé pleurer au sein qu’elle manquait de lait alors qu’en fait son bébé souffrait d’un reflux gastro-œsophagien important.

Des régurgitations conséquentes

Etude du cas clinique

Cette mère a accouché à terme d’une petite fille de 3,000 kg.
L’allaitement démarre bien mais la mère fait appel à moi à deux mois car son bébé ne prend pas assez de poids. Le pédiatre souhaite que la mère donne des biberons de complément alors que la mère ne le souhaite pas.
Elle a essayé de réveiller son bébé pour lui donner plus de tétées, sans effet sur le poids. Elle a également donné les deux seins à chaque tétée.
A deux mois, son bébé pèse 3,800 kg.

Mon intervention

Je regarde le bébé qui ne présente aucune particularité et sait très bien téter. Elle n’ouvre pas tout à fait assez la bouche pour prendre le sein mais cette ouverture de bouche est facilement corrigée en adoptant une position en madone inversée.
Cependant je remarque qu’elle régurgite de manière importante après la tétée. La mère me confirme que c’est le cas après chaque tétée. Je lui explique alors que les quantités régurgitées peuvent influer sur la prise de poids de son bébé et qu’il faudrait en parler avec le pédiatre de l’enfant.
Je lui suggère de fractionner les tétées en ne donnant qu’un seul sein, plus souvent dans la journée et en faisant attention aux manipulations du bébé après la tétée.

Une fois celui-ci consulté, il approuve l’influence des régurgitation volumineuses sur la prise de poids et prescrit du Motilium en compléments de mes recommandations.

Le mois suivant, le bébé pèse 4,300 kg, la prise de poids est bonne. La mère a appliqué les recommandations et s’est aperçue qu’en ne changeant son bébé qu’à  distance des tétées et en le gardant contre elle à la verticale pendant trois-quarts d’heure après les tétées, son bébé régurgitait beaucoup moins.

Pour ce bébé, la mauvaise prise de poids n’étais pas liée à une prise insuffisante de lait mais à des régurgitations trop importantes.

Bibliographie
  • Marsha Walker, Breastfeeding management for the clinician, using the evidence, Jones and Bartlett publishers, 2006, p.114-115 et 333-335.
  • Dr Jack Newman et Teresa Pitman, L’allaitement, comprendre et réussir, Jack Newman Communications, 2006, pages 240.
  • Véronique Darmangeat, L’Allaitement Malin, Editions Leduc.s, 2013.

Dernière mise à jour : 9 février 2017 par Véronique Darmangeat