Manque de lait lié à l’âge

Cas clinique n°1

Cette mère âgée de 44 ans a accouché à terme d’une petite fille, Elodie, de 3,465 kg. Le bébé a perdu 250 grammes en deux jours. Deux biberons de 60 ml ont alors été donnés au bébé. La mère est rentrée chez elle à J3 car son bébé avait repris 60 grammes.

Une fois à la maison, la mère a allaité exclusivement Elodie jusqu’au 14e jour. Celle-ci mouillait cinq couches d’urine par jour et avait une selle par jour. Elle tétait toutes les trois ou quatre heures et dormait sept heures la nuit.

À J14 a lieu une visite chez le pédiatre qui pèse Elodie et constate qu’elle n’a pas du tout repris de poids. Il demande aux parents de compléter l’alimentation du bébé avec trois biberons de 90 ml par jour.
Le bébé reprend alors 90g en six jours.

La mère fait appel à moi à J21 parce qu’elle a peur que son allaitement s’arrête et souhaite relancer sa lactation.

J’observe le bébé qui a une succion parfaite et prend très bien le sein. La mère n’a aucun antécédent médical justifiant un manque de lait à part son âge.
Je suggère donc à la mère de donner les compléments au DAL pour que le bébé stimule plus les seins et de proposer le sein plus souvent. Je lui propose également d’essayer de prendre du fénugrec.

La mère mets en place ces suggestions pendant deux semaines. Elle doit augmenter les compléments en donnant un quatrième biberon de 90 ml. Le bébé a pris du poids correctement grâce aux compléments, il pèse 3,800 kg à un mois mais la lactation n’a pas augmenté.

La mère décide alors de poursuivre son allaitement mixte avec le DAL en arrêtant le fénugrec.
Pour cette mère la seule piste concernant une lactation insuffisante est son âge.

Cas clinique n°2

Cette mère, âgée de 40 ans, a accouché à terme d’un petit garçon, Armand, de 4,780 kg. C’est son troisième enfant et l’allaitement de ses deux premiers enfants s’est mal passé. Elle tient à allaiter cet enfant là.
À J2, celui-ci a perdu 10% de son poids de naissance et pèse 4,300 kg. Des compléments de préparation pour nourrisson sont alors proposés au bébé après chaque tétée.

La mère sort de la maternité à J5, le bébé pèse 4,470 kg. La mère supprime tous les compléments pour revenir à un allaitement exclusif. À J11, le bébé pèse 4,240 kg. La sage-femme qui vient à domicile propose alors de donner des compléments à la sonde au doigt (ou DAL de fortune).

La mère fait appel à moi à J16 pour pouvoir revenir à un allaitement exclusif. Le bébé prend alors 450 ml par jour de complément : un tiers de lait maternel tiré et deux tiers de préparation pour nourrisson.
J’observe le bébé : sa succion et sa prise du sein sont très bonnes, il ne présente aucun problème au niveau de la bouche. Par contre il est fatigué et s’endort très rapidement au sein.
J’apprends que la mère a un ovaire qui ne fonctionne pas, de l’endométriose et une mauvaise fertilité.

La mère tire son lait six à sept fois par jour en plus des tétées avec un tire-lait en double pompage Symphony de Medela, elle obtient 25 ml à chaque tirage.
Je lui explique comment améliorer l’efficacité du tirage grâce à la méthode de Jane Morton. Je lui montre également comment placer son bébé en position Biological Nurturing pour améliorer sa prise du sein et son efficacité. Je lui suggère de continuer les compléments à la sonde au doigt le temps que son bébé reprenne des forces et soit capable d’obtenir tout son lait au sein.

La mère me recontacte à J21, le bébé a repris du poids, il pèse 4,440 kg. Il est plus éveillé et prend 500 ml de compléments par jour. Il est plus actif au sein. Par contre la lactation de la mère n’augmente pas malgré tous ses efforts et l’amélioration de la technique de tirage. À J30, la mère me rappelle : la lactation n’a toujours pas bougé. Il est désormais fortement improbable que la lactation augmente. La mère décide alors d’arrêter les tirages, de continuer les mises au sein et de donner les compléments au biberon.

Chez cette mère, plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de ce manque de lait : les problèmes de fertilité peuvent refléter un problème hormonal ayant un rôle dans la lactation insuffisante, et l’âge peut également avoir un rôle. Pour faire la part des choses, des analyses plus poussées seraient nécessaires mais la mère n’a pas souhaité les faire car elle pense que c’est son dernier enfant et que la question de l’allaitement ne se posera plus.

 

Bibliographie

  • Diana West et Lisa Marasco, Making more milk, McGraw-Hill, 2009, pages 138-140.

Dernière mise à jour : 15 avril 2017 par