Sevrage d’un bambin

Cas clinique

J’ai rencontré cette famille lorsque le deuxième enfant avait 17 mois. Ils faisaient appel à moi pour le sevrer.
Ce petit garçon avait l’habitude de s’endormir au sein lorsque sa mère était présente. Du fait de son travail, elle n’était pas toujours là le soir et c’était le père qui s’occupait des deux garçons le soir et les couchait. Ce petit garçon allait à la crèche en journée et une assistante maternelle s’occupait de lui de temps en temps.
Il mangeait peu de solides et refusait les biberons.
La mère était fatiguée et voulait supprimer les tétées de nuit mais son fils hurlait la nuit pour obtenir le sein et la mère lui donnait pour éviter qu’il ne réveille son frère et son mari.

J’ai pris du temps avec cette famille pour que chacun puisse exprimer ses besoins et que l’on puisse envisager les diverses options possibles. Le petit garçon était présent et très attentif à ce qui se disait.
Je leur ai expliqué qu’un enfant de cet âge se sèvre rarement seul, qu’il exprime encore son besoin de tétées mais que cela n’empêchait pas la mère de choisir de combler les besoins de son enfant autrement que par le sein. Je leur ai également expliqué que cela allait être un passage difficile pour l’enfant, et qu’il aurait besoin de pouvoir s’appuyer sur ses parents pour passer cette étape. Cela n’était possible que si les parents prenaient une décision qui leur convienne vraiment et qu’ils étaient paisibles avec cette décision.

Au terme de la discussion, la mère a exprimé le souhait de ne pas sevrer son enfant. Ce qu’elle souhaitait vraiment, c’était retrouver des nuits complètes. Son mari était d’accord avec cette décision et prêt à s’impliquer dans le processus.
Je leur ai donc expliqué les différentes options possibles pour que leur fils apprenne à se rendormir la nuit sans téter. Je n’ai pas eu de nouvelles pendant un an.

Il y a quelques temps, j’ai reçu le courrier suivant que je reproduis avec l’accord de la mère et en supprimant les prénoms :

« Bonjour,

Je reviens vers vous pour vous dire comment nos “problèmes” de sommeil et la suite de l’allaitement de notre fils se sont déroulés.

Vous êtes venue il y a environ un an chez nous. Notre fils avait environ 16 mois, je l’allaitais toujours et il ne faisait pas ses nuits. Je savais que c’était lié à l’allaitement car j’avais entretenu le ré-endormissement la nuit au sein. Ce qui me poussait, à cette époque, à arrêter l’allaitement alors que je n’en avais pas envie.

On avait discuté puis j’en étais arrivée à la conclusion que je voulais continuer à allaiter, que pour le sommeil je devais trouver la solution que je sentais le mieux, cela m’a amenée à le laisser appeler sans intervenir pour qu’il apprenne à se rendormir seul. Pendant ce temps je dormais dans le salon, avec des  boules Quies. Mon mari est resté dans notre chambre à côté de la chambre des enfants. Il m’informait le matin de l’évolution des choses…
Finalement en aout tout est rentré dans l’ordre.

Pour la fin de l’allaitement, nous sommes partis en décembre en vacances à l’étranger, j’ai eu une sinusite et j’ai du prendre des médicaments incompatibles avec l’allaitement. Ça tombait bien, je sentais que je devais arrêter à la fois pour disposer à nouveau pleinement de mon corps, me séparer de notre fils, lui faire passer une étape importante vers l’autonomie.

Il a eu du mal mais je savais que j’aurais du temps : vacances puis il irait une semaine avec son père chez sa mamie avec sa cousine, ça allait le distraire et à son retour comme je travaillerais deux jours pendant quelques mois je pourrais lui donner de l’affection. Au début du sevrage je lui ai dit à chaque fois qu’il voulait téter : « je dois prendre des médicaments et si tu têtes tu vas avoir bobo au ventre. Je t’aime. » et je lui proposais un chocolat chaud. Ça a été un peu difficile pour lui mais je lui ai dit régulièrement que j’avais plein d’amour à lui donner autrement.
Il a mûri d’un coup et fait plein de progrès. J’ai retrouvé mon corps et je suis fière d’avoir écouté mon instinct, de m’avoir fait confiance et d’avoir donné ce que je voulais. C’est grâce notamment à votre travail et tout celui des autres professionnels de la petite enfance, des psychologues et des témoignages des autres mamans sur internet que j’ai fait ce chemin.

La leçon que j’en tire c’est qu’il faut écouter ce que l’on ressent avec son enfant et au fond de soi, se faire confiance et qu’il n’y a pas deux histoires comparables.

Merci encore, bravo pour votre travail, votre disponibilité, générosité, absence d’autorité ! »

Bibliographie

  • Bengson Diane, A propos du sevrage…quand l’allaitement se termine, Ed la Leche League Internationale, 2003.
  • Dr Jack Newman et Teresa Pitman, L’allaitement, comprendre et réussir, Jack Newman communications, 2006.

Dernière mise à jour : 18 avril 2017 par