L’introduction des solides chez le bébé allaité

Cas clinique n°1

Cette mère accouche 15 jours avant terme d’une petite fille de 3,900 kg.
L’allaitement démarre bien grâce au soutien de la sage-femme.

La mère fait appel à moi un mois et demi après la naissance pour des douleurs insupportables apparues depuis une semaine. Les mamelons de la mère sont luisants, la mère décrit des douleurs comme des piqures d’épingles, les seins la démangent et la brûlent.
À l’observation, je m’aperçois que le bébé serre très fort l’avant des mâchoires et n’ouvre pas beaucoup la bouche.
Par ailleurs, la mère est sujette à des crises d’eczéma à répétition.

La mère positionne bien son bébé au sein et celui-ci déglutit très régulièrement malgré une mauvaise ouverture de bouche. En fait, la mère présente une hyperlactation et le bébé n’a pas besoin de faire d’efforts. Le bébé pèse 5,150 kg à cinq semaines.

Je suggère à la mère de voir avec le médecin de l’enfant l’opportunité de le montrer à un ostéopathe pour l’aider à desserrer les mâchoires et mieux ouvrir la bouche. Par ailleurs, je lui suggère de voir avec son propre médecin l’opportunité d’utiliser la pommade tous usages mise au point par le Dr Newman.

Le traitement avec cette pommade est commencé rapidement et se révèle remarquablement efficace. Le bébé est vu par un ostéopathe qui confirme le problème de mâchoires et le règle en quelques séances. Par ailleurs, le bébé continue à bien prendre du poids.

Je revois la mère lors des cinq mois du bébé. Le médecin trouve que le bébé n’a pas pris assez de poids et suggère à la mère de commencer à donner des fruits et légumes pour que le bébé prenne plus de poids. Le bébé pèse alors 7 kg…et refuse catégoriquement les solides. La mère est perdue et ne sait plus quoi faire. Je demande à la mère combien de fois le bébé tète par jour. Elle m’explique alors que le bébé ne prend plus que trois tétées par jour et ne réclame jamais plus. Elle fait des nuits de douze heures depuis un mois et demi.

J’explique alors à la mère que les fruits et légumes sont des aliments très peu caloriques et n’ont donc que très peu de chances de faire grossir son bébé. Par contre, il serait surement plus simple et plus efficace de proposer au moins deux tétées supplémentaires par jour au bébé.

La mère met en place mes recommandations et le bébé accepte sans problème les deux tétées supplémentaires même si elle ne les réclame jamais.

À six mois, le bébé pèse 7,500 kg et est toujours exclusivement allaitée. La prise de poids est parfaite. Ce bébé fait partie des rares bébés à se satisfaire d’une prise alimentaire qui peut sembler insuffisante. Dans le doute, le fait de lui proposer des tétées supplémentaires a suffit à lui faire reprendre un peu plus de poids, le pédiatre et la mère ont été rassurés et l’on n’a pas forcé ce bébé à prendre des solides pour lesquelles elle n’était visiblement pas prête.

Cas clinique n°2

Cette mère m’appelle pour l’aider à sevrer son fils de quatorze mois. Il tète encore trois fois la journée et trois fois la nuit et la mère souhaiterait pouvoir dormir toute la nuit sans que son fils tète.
Elle m’explique également qu’il mange très peu de solides et n’accepte que des fruits. Elle a l’impression qu’il n’a pas faim.

Au fil de la discussion, elle finit par me dire qu’elle aimerait bien continuer à l’allaiter…si seulement il voulait bien manger des solides. Ce petit garçon est né à 2,500 kg, il pesait 6,300 kg à six mois, 7,400 kg à un an et 7,800 kg à quatorze mois. Le pédiatre insiste pour qu’il prenne plus de poids mais reconnaît que l’enfant se porte très bien et le père demande de sevrer pour que le bébé fasse ses nuits.

J’explique à la mère que la prise de poids de son enfant est parfaitement normale si l’on en croit les courbes de l’OMS et qu’avec six tétées par 24 heures, son fils semble avoir tous les apports énergétiques dont il a besoin. Je lui explique également comment sevrer si elle le souhaite et qu’à partir de ce moment là, il y a des chances que son enfant mange plus de solides, car il en aura alors besoin. J’explique également aux parents qu’il est possible d’apprendre à l’enfant à ne plus téter la nuit sans pour autant le sevrer complètement et que c’est à eux de faire le choix qui leur convient.

La mère me recontacte deux mois plus tard. Elle a montré la courbe de l’OMS au pédiatre qui a reconnu que la courbe de l’enfant n’était pas inquiétante. Elle a mis en place un sevrage de nuit qui a mis un mois à se mettre en place et qui se passe bien. À partir du sevrage, l’enfant a augmenté ses prises de viande et de féculents. Il refuse toujours les légumes et apprécie toujours les fruits. Il tète toujours trois fois par jour.
Les parents sont satisfaits et n’envisage pas pour le moment de sevrer l’enfant totalement.

Bibliographie

  • Dr Jack Newman et Teresa Pitman, L’allaitement, comprendre et réussir, Jack Newman Communications, 2006.
  • Dr Carlos Gonzales, Mon enfant ne mange pas, Ligue La Leche, 2010.
  • Bengson Diane, A propos du sevrage…quand l’allaitement se termine, Ed la Leche League Internationale, 2003.
  • Programme National Nutrition santé : La santé vient en mangeant et en bougeant. Guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents, 2004.
  • Programme National Nutrition santé : La santé vient en mangeant et en bougeant. Guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents destiné aux professionnels de santé, 2004.
  • Programme National Nutrition santé : Allaitement maternel : les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère, 2005.

Dernière mise à jour : 18 avril 2017 par